Illustration évocatrice de la lutte contre les mauvaises conditions de travail sur un chantier automobile au Brésil.

Controverse BYD au Brésil : conditions de travail proches de l’esclavage sur le chantier d’une nouvelle usine

Controverse BYD au Brésil : conditions de travail proches de l’esclavage sur le chantier d’une nouvelle usine

Le constructeur automobile chinois BYD est au centre d’une controverse majeure au Brésil, où il fait l’objet de poursuites judiciaires pour des conditions de travail jugées proches de l’esclavage sur le chantier de sa nouvelle usine à Camaçari, dans l’État de Bahia. Plus de 160 ouvriers chinois ont été secourus après avoir été soumis à des conditions dégradantes, notamment un accès insuffisant aux installations sanitaires et des horaires de travail épuisants. Cette affaire soulève un débat éthique important dans l’industrie automobile, particulièrement dans le secteur en pleine expansion des véhicules électriques, et met en lumière la vigilance accrue des autorités brésiliennes sur la protection des droits des travailleurs.

Des conditions de travail dénoncées comme proches de l’esclavage

Depuis la fin de l’année 2024, le chantier de construction de l’usine BYD à Camaçari fait l’objet d’une enquête approfondie menée par le ministère public du travail brésilien et plusieurs agences gouvernementales. Ces inspections ont révélé que plus de 160 ouvriers chinois, employés par la société de construction sous-traitante Jinjiang, travaillaient dans des conditions assimilables à de la servitude. Parmi les infractions constatées, un seul sanitaire était disponible pour 31 travailleurs, les obligeant à se lever très tôt pour faire la queue avant de commencer leur journée. Les ouvriers subissaient également des cadences de travail très élevées, dépassant souvent 70 heures par semaine, avec peu ou pas de jours de repos. Leurs passeports avaient été confisqués, et ils devaient financer eux-mêmes leur retour en Chine, tandis que leurs salaires étaient retenus pendant plusieurs mois. S’ils quittaient le chantier, ils perdaient tout, ce qui constitue selon la législation brésilienne des conditions de travail forcé et proches de l’esclavage.

Réactions et mesures prises par BYD

Face à ces révélations, le parquet fédéral brésilien a demandé que les preuves recueillies soient partagées afin d’engager des poursuites pénales contre les responsables. BYD a réagi en annonçant la résiliation immédiate du contrat avec la société Jinjiang et en affirmant étudier d’autres mesures pour améliorer la situation. L’entreprise a également indiqué que les ouvriers concernés seraient hébergés dans des hôtels à proximité, garantissant ainsi leur bien-être temporaire. BYD a par ailleurs réaffirmé son engagement à respecter la législation brésilienne et la dignité humaine. Les ambassades chinoises au Brésil sont en contact avec les autorités locales pour suivre la situation, et le gouvernement chinois a insisté sur la nécessité pour les entreprises chinoises d’opérer conformément aux lois en vigueur.

Un enjeu éthique majeur dans l’industrie automobile mondiale

Cette affaire met en lumière les défis liés à la gestion des conditions de travail dans des contextes internationaux complexes, notamment dans la chaîne d’approvisionnement des constructeurs automobiles électriques. La nouvelle usine de BYD au Brésil, qui devrait être pleinement opérationnelle d’ici fin 2026 avec un début de production en 2025, vise une capacité annuelle de 150 000 véhicules, ce qui en ferait la plus grande usine du groupe hors d’Asie. Cette expansion rapide soulève des questions sur la responsabilité sociale des entreprises et le respect des droits humains dans un monde globalisé.

Le gouvernement brésilien, soutenu par le président Lula, montre une détermination forte à lutter contre les pratiques abusives, tout en cherchant à faire du pays un acteur incontournable de la production de véhicules électriques. L’affaire BYD pourrait ainsi servir de signal d’alarme pour renforcer les contrôles et promouvoir des standards éthiques plus stricts dans le secteur automobile.

Cette controverse illustre les tensions entre développement industriel, respect des droits des travailleurs et impératifs économiques dans un contexte de mondialisation accélérée. Elle rappelle que la croissance des industries innovantes doit s’accompagner d’un engagement ferme en matière de conditions de travail et de droits humains.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut