Image illustrant les défis et l'espoir autour de l'hydrogène décarboné dans la transition énergétique.

Hydrogène décarboné en 2025 : défis, révisions et perspectives

Hydrogène décarboné en 2025 : défis, révisions et perspectives

L’hydrogène décarboné, longtemps présenté comme un pilier essentiel de la transition énergétique en France et en Europe, connaît en 2025 une phase de remise en question marquée par des retards, des reports de projets et des faillites d’acteurs clés. Cette situation conduit à une révision à la baisse des ambitions initiales, tant en termes de capacités installées que d’objectifs de production, et soulève des interrogations sur la viabilité à court terme de cette filière.

Une révision des objectifs nationaux à la baisse

Le gouvernement français a publié en avril 2025 une mise à jour de sa stratégie nationale pour l’hydrogène décarboné, cinq ans après la première version lancée en 2020. Cette nouvelle feuille de route prend acte d’une maturation technico-économique plus lente que prévue, avec des objectifs revus à la baisse : la capacité installée d’électrolyseurs pour produire de l’hydrogène vert est désormais fixée à 4,5 gigawatts (GW) en 2030, contre 6,5 GW initialement envisagés. Pour 2035, le plafond est ramené de 10 GW à 8 GW. Ces ajustements s’appuient notamment sur des études prospectives comme l’étude Sisyphe du CEA et des analyses des inspections générales, qui confirment un déploiement plus tardif que prévu.

Des besoins croissants mais des défis persistants

À l’horizon 2030, la demande française en hydrogène décarboné pourrait atteindre 520 000 tonnes par an, principalement pour décarboner l’industrie lourde et certains transports difficiles à électrifier. Le secteur du raffinage, grand consommateur d’hydrogène fossile, pourrait progressivement basculer vers de l’hydrogène bas-carbone si les conditions économiques deviennent favorables. La fiscalité incitative, notamment la TIRUERT (Taxe Incitative Relative à l’Utilisation des Energies Renouvelables dans le Transport), valorise l’usage d’hydrogène, mais ces mesures restent insuffisantes pour accélérer significativement la transition.

Une production industrielle encore très carbonée

Actuellement, la production d’hydrogène industriel en France dépasse 900 000 tonnes par an, mais elle génère environ 11,5 millions de tonnes de CO2, soit près de 3 % des émissions nationales. Le passage à l’hydrogène vert, produit par électrolyse de l’eau à partir d’électricité renouvelable, est donc crucial pour réduire cet impact environnemental. Les coûts des électrolyseurs ont été divisés par quatre depuis 2010, ce qui ouvre des perspectives de marché, mais la filière reste confrontée à des incertitudes majeures : la demande réelle, la disponibilité des infrastructures, et la compétitivité économique face à d’autres solutions de décarbonation.

Retards, faillites et fragilité économique

Les difficultés récentes, avec des retards dans les projets et des faillites d’entreprises spécialisées, illustrent la fragilité du modèle économique de l’hydrogène décarboné. Malgré l’engagement des pouvoirs publics à considérer cette filière comme un levier clé pour la souveraineté énergétique et industrielle, la rentabilité reste incertaine. Certains experts insistent sur le potentiel de l’hydrogène pour décarboner des secteurs difficiles à électrifier, tandis que d’autres mettent en garde contre un risque de surinvestissement dans une technologie encore immature.

Un débat public et médiatique critique

La communication officielle et médiatique reflète ce climat de doute. Par exemple, des médias comme BFMTV soulignent que « retards, reports, annulations et surtout faillites » interrogent la crédibilité de l’hydrogène comme solution d’avenir sérieuse pour la décarbonation. Ce questionnement est d’autant plus crucial que la France et l’Europe doivent accélérer leur transition énergétique pour respecter leurs engagements climatiques.

Conclusion : un avenir incertain mais stratégique

L’hydrogène décarboné demeure un axe stratégique pour la transition énergétique, mais les retards, faillites et révisions à la baisse des objectifs posent la question de sa viabilité à court terme. Pour tenir ses promesses, la filière doit surmonter des défis économiques et technologiques majeurs. L’avenir de l’hydrogène dépendra de la capacité des acteurs publics et privés à accélérer la maturation du marché, à renforcer les infrastructures et à garantir la compétitivité de cette solution face à d’autres alternatives de décarbonation.

Ainsi, si l’hydrogène vert conserve un rôle clé dans la stratégie énergétique française, son déploiement effectif nécessitera encore patience, innovation et soutien renforcé pour devenir une composante fiable et durable de la neutralité carbone.

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