Lancement difficile des nouveaux trains régionaux TER sur la ligne Marseille-Nice
Le lancement des nouveaux trains régionaux TER en France, et plus particulièrement sur la ligne Marseille-Nice, est marqué par des tensions et des difficultés majeures. Ce dimanche 29 juin 2025, Transdev, opérateur privé de transport, a pris le relais sur cette ligne, première à être ouverte à la concurrence hors SNCF. Ce changement s’inscrit dans une volonté régionale forte de moderniser un réseau longtemps considéré comme défaillant, avec un taux de retard de 20 % et 12 % d’annulations selon les autorités locales. Toutefois, ce démarrage est compliqué par des retards dans la livraison des rames neuves Omneo Premium commandées à Alstom, qui ne sont disponibles qu’à moitié, obligeant Transdev à louer du matériel à d’autres régions, ce qui suscite la colère des syndicats de la SNCF.
Une ouverture à la concurrence historique mais difficile
La ligne Marseille-Nice, longue de 158 kilomètres, est la première en France à être exploitée par un opérateur privé dans le cadre de l’ouverture à la concurrence des TER, initiée par la loi de 2018. Transdev, déjà présent dans de nombreux réseaux de bus et trains à l’international, a remporté ce contrat en 2021 et devait démarrer l’exploitation en juin 2025. Cette ouverture vise à améliorer la qualité du service et la ponctualité, avec un doublement de l’offre sur la ligne, passant à 14 allers-retours quotidiens en semaine et 16 le week-end, tout en maintenant les tarifs pour les abonnés. Le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Renaud Muselier, a souligné la mise en place de pénalités financières pour garantir la ponctualité, témoignant de la pression exercée sur Transdev pour réussir ce pari.
Retards de livraison et tensions syndicales
Le principal obstacle rencontré est le retard de production des nouvelles rames Omneo Premium par Alstom. Alors que 16 rames étaient prévues d’ici novembre 2025, seules huit ont été livrées à la mi-juin, soit la moitié du parc nécessaire pour assurer le service complet. Pour pallier ce manque, Transdev a dû louer du matériel roulant à d’autres régions, ce qui a provoqué une vive réaction des syndicats de la SNCF. Ces derniers dénoncent un « véritable scandale » car ce prêt de matériel entraîne la suppression de trains dans d’autres régions, notamment en Auvergne-Rhône-Alpes, fragilisant ainsi l’offre publique de la SNCF. Cette situation met en lumière les tensions entre opérateurs dans un contexte de transition et d’ouverture à la concurrence.
Enjeux techniques et organisationnels
Au-delà des tensions sociales, cette situation illustre les difficultés techniques et logistiques liées à la modernisation du parc ferroviaire français. Des problèmes similaires ont été observés sur d’autres lignes, comme le RER E en Île-de-France, où les trains de nouvelle génération ont souffert de défauts techniques affectant la ponctualité. Malgré ces obstacles, Alstom a récemment obtenu un contrat de 1,7 milliard d’euros pour fournir 96 nouveaux trains de nouvelle génération à Paris, témoignant de la volonté de poursuivre la modernisation du réseau ferroviaire national. La réussite de cette transition dépendra de la capacité des acteurs à gérer ces défis techniques, organisationnels et humains, tout en garantissant un service fiable et de qualité.
Perspectives et enjeux pour les usagers
Les prochaines semaines seront cruciales pour observer si Transdev parvient à stabiliser son offre sur la ligne Marseille-Nice et si la SNCF peut maintenir son niveau de service dans les autres régions malgré les prêts de matériel. Ce lancement difficile illustre les tensions inhérentes à l’ouverture à la concurrence dans le secteur ferroviaire français, un processus encore en pleine évolution. Pour les usagers, la promesse d’un service plus fréquent et modernisé est confrontée à la réalité des retards et des perturbations, posant la question de la qualité et de la fiabilité des services proposés dans ce contexte de transition.