Tensions militaires mondiales : la Syrie, épicentre des crises
La situation géopolitique mondiale demeure particulièrement tendue, avec la Syrie occupant une place centrale dans les préoccupations internationales. Depuis le début de l’année 2025, le pays est le théâtre d’une recrudescence des violences, marquée par des affrontements entre forces gouvernementales, insurgés pro-Assad et groupes armés divers. Les récents développements, notamment les attaques coordonnées de mars et les tensions sectaires d’avril, illustrent la fragilité persistante des équilibres régionaux et la complexité des enjeux militaires et ethniques.
Escalade des violences en mars 2025
En mars 2025, la Syrie a connu une escalade significative des violences, notamment dans l’ouest du territoire, où des insurgés pro-Assad ont lancé des attaques coordonnées contre des bâtiments gouvernementaux, des checkpoints et des infrastructures médicales. Ces assauts, menés par des groupes fidèles à d’anciens commandants baasistes, ont fait près de 400 morts parmi les forces de sécurité et des dizaines de victimes civiles. Mustafa Kneifati, un responsable de la sécurité du gouvernement syrien, a qualifié ces attaques de « bien planifiées et préméditées », soulignant la détermination des partisans de l’ancien régime à déstabiliser le pouvoir en place. En réponse, les autorités ont déployé des renforts dans les villes côtières et imposé des couvre-feux à Latakia et Tartous, tout en reprenant le contrôle des zones stratégiques après des opérations de contre-insurrection.
Tensions sectaires en avril 2025
Au-delà de ces affrontements, la Syrie fait face à une montée des tensions sectaires, particulièrement visibles lors des violences qui ont éclaté fin avril entre groupes affiliés au gouvernement et combattants druzes dans la banlieue de Damas. Ces incidents, qui ont fait au moins 12 victimes, s’inscrivent dans un contexte plus large de violences ciblant les minorités, notamment les Druzes et les Alaouites. Selon le Security Council Report, les affrontements dans la région de Sweida et les banlieues de Damas ont causé la mort d’au moins 119 personnes, dont de nombreux civils, exacerbant la peur d’une nouvelle vague de violences contre les minorités. Les autorités ont tenté de calmer le jeu en signant des accords de désescalade, mais la situation reste volatile, alimentée par la présence de groupes armés et de combattants étrangers liés à l’État islamique.
Dimension internationale
La dimension internationale de la crise syrienne s’est également accentuée en 2025. Israël, qui a mené des centaines de frappes aériennes sur le territoire syrien depuis la chute du régime Assad, a renouvelé ses opérations début mai, justifiant ses actions par la nécessité de protéger les communautés druzes. Une frappe particulièrement symbolique, visant les abords du palais présidentiel syrien, a été interprétée comme un avertissement clair. Ces interventions israéliennes, tout comme les discussions en cours sur la normalisation des relations entre Israël et la Syrie, illustrent la complexité des enjeux régionaux et la difficulté à stabiliser la situation.
Consolidation du pouvoir et réintégration des groupes armés
Parallèlement, le gouvernement syrien tente de consolider son autorité en appelant les groupes armés restants à rejoindre les rangs de l’armée nationale. Le ministre de la Défense, Murhaf Abu Qasra, a lancé un ultimatum de dix jours à ces groupes, dans l’espoir de réintégrer les forces dissidentes et de rétablir l’ordre. Cette stratégie, bien que nécessaire, se heurte à la réalité d’un pays profondément divisé, où les rivalités ethniques, religieuses et politiques continuent de nourrir l’instabilité.
Perspectives et défis
Les experts s’accordent à dire que la Syrie ne connaît pas pour l’instant un retour à la guerre civile généralisée, mais la situation reste extrêmement fragile. Les attaques sporadiques, les tensions sectaires et l’implication de puissances étrangères maintiennent le pays dans un état de crise permanente. Selon le Council on Foreign Relations, la violence récente a rouvert les plaies de treize années de guerre civile, rappelant que la Syrie demeure un enjeu majeur pour la stabilité régionale et internationale.
Droits de l’homme et transparence
La question des droits de l’homme et de la transparence des enquêtes sur les violences reste un sujet de préoccupation. Un comité d’enquête mandaté par le gouvernement pour faire la lumière sur les événements de mars a été critiqué pour son manque de transparence et de coopération avec les organisations de défense des droits humains, ce qui alimente le scepticisme quant à la volonté réelle des autorités de rendre justice aux victimes.
